Résistance et Déportation : la mémoire de Laurent JACQ honorée à QUIMPER

Article du 30 septembre 2012 source LE TELEGRAMME

Résistance. La mémoire de Laurent Jacq honorée

30 septembre 2012

Simple et émouvante, une cérémonie a réuni, hier, dans le quartier de Kervouyec, les congressistes de l'Amicale des déportés de Neuengamme. Une gerbe a été déposée rue Laurent-Jacq, en souvenir de ce résistant quimpérois.

Réunie ce week-end en congrès national à Quimper, l'Amicale des déportés du camp de Neuengamme et de ses kommandos, s'est rendue, hier matin, dans le quartier de Kervouyec, à Kerfeunteun, pour rendre hommage à l'un des leurs, décédé à bord du paquebot allemand Le Cap Arcona. Le bateau, qui transportait des déportés sortis du camp de Neuengamme, près de Hambourg, a été coulé le 3mai 1945 par l'aviation britannique, dans la baie de Lübeck.

Des bébés porteurs de messages

C'est l'une des deux filles de Laurent Jacq qui a retracé le parcours de ce grand résistant quimpérois. C'est avec beaucoup d'émotion qu'Anne-Marie Jacq a rappelé que sa famille était très liée avec celle de Jean Le Bris, autre grande figure de la Résistance quimpéroise et dont le fils, Yves, était également présent à la cérémonie. «Nos mères étaient très amies. J'avais 8 mois. Yves était bébé comme moi. Elles nous amenaient à la prison pour voir nos pères, arrêtés en février1944 après l'attaque du bureau de la STO. Elles nous remettaient au planton. Dans nos langes ou des couvertures, des mots étaient dissimulés pour la Résistance. Inversement, nos pères faisaient passer des messages dans le linge à laver ou les chaussettes à repriser».

Un résistant de la première heure

Né le 26janvier 1920 à Quimper, Laurent Jacq est entré à l'école Polytechnique en octobre1940. Il est ensuite affecté à l'école d'application du Génie à Avignon. C'est de cette époque que date son engagement dans la Résistance. Après l'invasion de la zone libre en novembre1942, il rejoint le Finistère où il est chargé d'organiser la Résistance, sous le pseudonyme de Guézennec. «En février1943, poursuit Anne-Marie Jacq, mon père est nommé commandant du secteur 1 de Quimper où il travaille en collaboration avec le Capitaine Colin, connu sous le nom de Martin dans la Résistance. Il constitue un corps franc, entreprend plusieurs actions de sabotage et, en particulier, le cambriolage des bureaux du STO où, en plein jour et en sept minutes, 44.000 dossiers sont enlevés et détruits. Arrêté le 14février 1944, torturé, il ne révélera jamais rien de son activité, ni de celle de ses camarades». En prison, le jeune Quimpérois «continue d'être le chef et met sur pied la rébellion, qui, appuyée par une action de l'extérieur, doit permettre de libérer 70détenus résistants. L'échec de cette tentative est dû à la maladresse de l'un des gardiens de la prison».

Déporté en Allemagne

Déporté en Allemagne avec ses camarades quimpérois, il organise dans les camps des groupes de résistance qui doivent aider les alliés à leur arrivée. Laurent Jacq ne pourra malheureusement pas mettre ses projets à exécution. Lorsque les alliés arrivent à Neuengamme, en mai1945, ils ne trouvent qu'un camp vide. Les nazis ont déjà fait évacuer les déportés en direction de Lübeck. Pour son engagement dans la Résistance, le capitaine Laurent Jacq a obtenu la croix de guerre avec étoile d'argent et la Légion d'honneur.