ARTICLE de PRESSE : source "Côté Brest"

4 septembre 2012

Souviens-toi de la guerre… au Fort de Montbarey

Le Fort de Montbarey, sur la route du Conquet, accueille le Mémorial départemental de la Seconde Guerre mondiale. Un lieu de souvenirs et d’hommage aux victimes du conflit.

Publié le 30/08/2012 à 15:52 par Adèle

Construit entre 1777 et 1784, pour accueillir 600 combattants et tenir un siège de trois semaines, Montbarey(1) était l’un des maillons de la ceinture de forts censés protéger Brest des invasions anglaises. Son rôle resta à l’époque dissuasif. Mais, un siècle et demi plus tard, lors de l’Occupation, puis de la Libération, sa position stratégique le plaça au cœur du conflit. En 1944, une dure bataille s’y engage. Les Américains lancent l’offensive avec des chars lance-flammes britanniques de type Churchill crocodile. Mais les Allemands, qui ont installé leur PC sous terre, résistent.

La mémoire départementale

Brest libéré, la France aussi, Charles Le Goasguen, Brestois qui a rejoint l’Angleterre le 19 juin, est décoré par le Général de Gaulle à Brest, sur un champ de ruines. En 1984, alors que la Reconstruction n’est pas encore achevée, il souhaite rendre hommage aux victimes finistériennes. Il fonde l’Association du mémorial (AME) et investit le Fort de Montbarey, mis à disposition par la Marine nationale. Commence alors, un travail de collecte, d’exposition, de sensibilisation… Vestiges offerts par les belligérants allemands, français, américains ; documents fournis par les familles des victimes ; souvenirs des témoins et de leurs proches… Dans les pièces et galeries du fort s’amasse et s’expose la mémoire de la Seconde Guerre mondiale en Finistère. « Toutes les communes sont recensées avec le nom des victimes et les avis de convoi. Nous avons aussi les 10 000 dossiers des victimes du Finistère mortes pour la France », témoigne Jean Le Balc’h, président du mémorial depuis 2000. Une salle est aussi consacrée à ces dizaines de navires qui ont quitté les côtes finistériennes direction l’Angleterre suite à l’Appel.

Ne pas oublier les victimes

Au Fort, on n’oublie pas. Contrairement peut-être au reste de la société qui, au fil des disparitions des témoins, ne se réapproprie pas forcément leur histoire. Depuis 1990, Jean Le Balc’h est l’une des chevilles ouvrières de l’AME. Et malheureusement son constat est sans appel : aujourd’hui, on assiste à une érosion de l’intérêt porté au conflit et à ses victimes. À 76 ans, celui qui consacre pas moins de 50 heures hebdomadaires au Mémorial, souhaiterait passer la main. Mais, les successeurs ne font pas légion. Et avec une moyenne d’âge de 90 ans, ce n’est certainement pas dans les rangs de l’AME qu’il trouvera sa perle. Alors il continue à recevoir les visiteurs, les descendants, les élèves des écoles et certaines fois les témoins eux-mêmes. Il continue aussi à découper les avis de décès de ceux qui ont fait l’histoire de l’époque, pour les joindre à leur dossier en guise de point final. Un travail de titan, de passion et de conviction, d’intérêt largement départemental ! Le Mémorial accueille en moyenne 10 000 visiteurs par an. « Nous avons souffert avec les travaux du tram », confie le président. Et possible que la mise en circulation n’ait pas tout réglé, vu les difficultés et le manque de signalisation pour accéder au site.

Adèle Flageul

(1) Il porte le nom du prince de Montbarey qui l’inaugura en tant que ministre de la guerre.

Pratique : Fort de Montbarey, allée Bir-Hakeim à Brest. Tél. 02 98 05 39 46. Ouvert à la visite du lundi au vendredi de 9 h à 12 h et de 14 h à 18 h. Tarifs : adultes, 5 euros ; 9 à 16 ans et anciens combattants, 3 euros.

Localité(s) :

Allée de Bir Hakeim, 29200 Brest, France